道 德 經
DÀO DÉ JĪNG


CH01CH02CH03CH04CH05CH06CH07CH08CH09
CH10CH11CH12CH13CH14CH15CH16CH17CH18
CH19CH20CH21CH22CH23CH24CH25CH26CH27
CH28CH29CH30CH31CH32CH33CH34CH35CH36
CH37CH38CH39CH40CH41CH42CH43CH44CH45
CH46CH47CH48CH49CH50CH51CH52CH53CH54
CH55CH56CH57CH58CH59CH60CH61CH62CH63
CH64CH65CH66CH67CH68CH69CH70CH71CH72
CH73CH74CH75CH76CH77CH78CH79CH80CH81


daodejing.org/80.html

ctext.org/dictionary.pl?if=en&id=11671

tao-te-king.org/80.htm

daoisopen.com/downloads/CC80.pdf

daoisopen.com/downloads/About the Charts.pdf

laozirecited.com/#80

nouveautestament.github.io/DAODEJING/index.html

github.com/nouveautestament/DAODEJING



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xiǎo guó guǎ mín使shǐ yǒu shí bǎi zhī ér yòng使shǐ mín zhòng ér yuǎn suī yǒu zhōu 輿 suǒ chéng zhīsuī yǒu jiǎ bīng suǒ chén zhī使shǐ mín jiē shéng ér yòng zhīgān shíměi ān lín guó xiāng wàng quǎn zhī shēng xiāng wénmín zhì lǎo xiāng wǎng lái
xiǎopetit minuscule, insignifiant-#P #W #C #Z
guónation pays, État-nation-#P #W #C #Z
guǎveuf seul, sans amis-#P #W #C #Z
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
使shǐprovoquer amener, missionner, commander messager, ambassadeur#P #W #C #Z
yǒuavoir posséder, posséder exister#P #W #C #Z
shífile de dix soldats mixte, divers-#P #W #C #Z
bǎifrère aîné le frère aîné de mon père « père » mâle senior ; rang féodal 'comte'#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
récipient récipient instrument#P #W #C #Z
éret et puis et pourtant ; mais#P #W #C #Z
ne-pas non préfixe négatif#P #W #C #Z
yòngutiliser employer, appliquer, exploiter  utiliser#P #W #C #Z
使shǐprovoquer amener, missionner, commander messager, ambassadeur#P #W #C #Z
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
zhònglourd pesant double#P #W #C #Z
mourir mort la mort#P #W #C #Z
éret et puis et pourtant ; mais#P #W #C #Z
ne-pas non préfixe négatif#P #W #C #Z
yuǎnlointain éloigné, lointain profond#P #W #C #Z
déménager changer de domicile, migrer-#P #W #C #Z
suīmême si même si-#P #W #C #Z
yǒuavoir posséder, posséder exister#P #W #C #Z
zhōubateau navire-#P #W #C #Z
輿charrette palanquin opinion publique#P #W #C #Z
sans négatif, non manque, absence, n'ai pas#P #W #C #Z
suǒcelui qui lieu, emplacement, endroit-#P #W #C #Z
chéngrouler monter profiter de; complément numérique pour véhicules#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
suīmême si même si-#P #W #C #Z
yǒuavoir posséder, posséder exister#P #W #C #Z
jiǎarmure obus les ongles; 1ère tige céleste#P #W #C #Z
bīngsoldat troupes-#P #W #C #Z
sans négatif, non manque, absence, n'ai pas#P #W #C #Z
suǒcelui qui lieu, emplacement, endroit-#P #W #C #Z
chénexposer afficher plaider; nom de famille#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
使shǐprovoquer amener, missionner, commander messager, ambassadeur#P #W #C #Z
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
retour répéter à plusieurs reprises#P #W #C #Z
jiēnouer nouer rejoindre, se connecter#P #W #C #Z
shéngcorde ficelle, cordelette mesurer, restreindre#P #W #C #Z
éret et puis et pourtant ; mais#P #W #C #Z
yòngutiliser employer, appliquer, exploiter  utiliser#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
gāndouceur doux, savoureux-#P #W #C #Z
le sien elle, son, leur  que#P #W #C #Z
shímanger repas nourriture#P #W #C #Z
měibeau joli plaisant#P #W #C #Z
le sien elle, son, leur  que#P #W #C #Z
vêtements porter, s'habiller-#P #W #C #Z
ānpaisible tranquille, tranquille-#P #W #C #Z
le sien elle, son, leur  que#P #W #C #Z
vivre habiter, résider, s'asseoir-#P #W #C #Z
heureux heureux agréable; musique#P #W #C #Z
le sien elle, son, leur  que#P #W #C #Z
coutumes sociales vulgaire, non raffiné-#P #W #C #Z
línvoisin quartier-#P #W #C #Z
guónation pays, État-nation-#P #W #C #Z
xiāngmutuel réciproque, l'un l'autre-#P #W #C #Z
wàngregarder attendre avec impatience espérer, s'attendre#P #W #C #Z
poulets volaille domestique-#P #W #C #Z
quǎnchien mâle, fille moche-#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
shēngvoix ton, son, bruit tonifier; musique#P #W #C #Z
xiāngmutuel réciproque, l'un l'autre-#P #W #C #Z
wénentendre odeur faire connaître; nouvelles#P #W #C #Z
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
zhìatteindre arriver extrêmement, très#P #W #C #Z
lǎovieux vieilli expérimenté#P #W #C #Z
mourir mort la mort#P #W #C #Z
ne-pas non préfixe négatif#P #W #C #Z
xiāngmutuel réciproque, l'un l'autre-#P #W #C #Z
wǎngallez partez passé, autrefois#P #W #C #Z
láiviens viens revenir, revenir#P #W #C #Z
STEPHEN MITCHELL TRADFR 1988 CHAPITRE 80

Si un pays est gouverné avec sagesse,

ses habitants seront contents.

Ils aiment le travail de leurs mains

et ne perdent pas de temps à inventer

des machines qui leur permettent d'économiser du travail.

Comme ils aiment leur pays,

ils ne s'intéressent pas aux voyages.

Il y a peut-être quelques chariots et quelques bateaux,

mais ils ne vont nulle part.

Il y a peut-être un arsenal d'armes,

mais personne ne s'en sert jamais.

Les gens apprécient leur nourriture,

prennent plaisir à être avec leur famille,

passent les week-ends à travailler dans leur jardin,

se délectent des activités du voisinage.

Et même si le pays voisin est si proche

qu'on peut entendre ses coqs chanter et ses chiens aboyer,

ils se contentent de mourir de vieillesse

sans jamais l'avoir vu.

JULIEN STANISLAS 1842 CHAPITRE LXXX

(Si je gouvernais) un petit royaume (1) et un peuple peu nombreux, n’eût-il des armes que pour dix ou cent (2)hommes, je l’empêcherais de s’en servir.

J’apprendrais au peuple à craindre la mort (3) et à ne pas émigrer au loin (4).

Quand il aurait des bateaux et des chars, il n’y monterait pas (5).

Quand il aurait des cuirasses et des lances, il ne les porterait pas (6).

Je le ferais revenir à l’usage des cordelettes nouées (7).

Il savourerait sa nourriture (8), il trouverait de l’élégance dans ses vêtements, il se plairait dans sa demeure, il aimerait ses simples usages.

Si un autre royaume se trouvait en face du mien, et que les cris des coqs et des chiens s’entendissent de l’un à l’autre (9), mon peuple arriverait à la vieillesse et à la mort sans avoir visité le peuple voisin (10).


NOTES.

(1) Sou-tseu-yeou : Lao-tseu vivait à l’époque de la décadence des Tcheou . Les démonstrations extérieures (les dehors d’une politesse étudiée) dominaient, c’est à-dire avaient remplacé la sincérité du cœur, et les mœurs se corrompaient de plus en plus. Lao-tseu aurait voulu sauver les hommes par le non-agir ; c’est pourquoi, à la fin de son ouvrage, il dit quel aurait été l’objet de ses vœux. Il aurait désiré d’avoir à gouverner un petit royaume pour y faire l’application de ses doctrines, mais il ne put y réussir.


(2) Sou-tseu-yeou : Le mot chi veut dire « dix hommes » 十人 (ainsi que l’indique sa composition). Le mot pe veut dire « cent hommes ». H : Même sens.

Mais, comme aucun dictionnaire ne donne ce sens au mot pe (vulgo « frère aîné du père »), j’ai préféré la leçon pe de l’édit. C, qui porte avec elle sa définition. En effet, le mot pe signifie « une troupe de cent hommes », parce qu’il se compose des signes « homme » et « cent ».

B : Le mot khi veut dire « armes de guerre » ping-khi 兵器.

Ibid. Il s’agit ici d’un petit royaume de cent lis (dix lieues).


(3) B : Le peuple ne serait pas accablé d’impôts ni de corvées, (E) il aimerait son existence, il serait attaché à la vie et redouterait la mort.


(4) A : Mon administration n’étant point importune aux hommes du peuple, ils exerceraient tranquillement leur profession, ils n’émigreraient pas au loin et n’abandonneraient pas leur pays natal pour aller chercher leur bonheur ailleurs.


(5) A : Il resterait dans un état de pureté et de quiétude absolue ; il ne mettrait pas son bonheur à voyager au loin.


(6) H : Le mot tch’in signifie proprement « ranger, disposer en ordre. »

B : Je n’aurais aucun sujet d’attaquer les autres ni de leur faire la guerre ; je (A) ne m’attirerais pas la haine et le ressentiment des royaumes voisins, et je n’aurais pas besoin de me défendre contre leurs attaques.


(7) Dans la haute antiquité, lorsque l’écriture n’était pas encore inventée, les hommes se servaient de cordelettes nouées pour communiquer leurs pensées. (Voy. le Thong-kien-kang-mou, partie I, livre I, fol. 2.) À cette époque les mœurs étaient pures et simples, et, suivant les idées de Lao-tseu, elles n’avaient pas encore été altérées par les progrès des lumières.

Dans la pensée de l’auteur, les mots « je ramènerais le peuple à l’ « usage des cordelettes nouées » signifient : « je ramènerais le peuple à sa simplicité primitive ».


(8) H : Le peuple serait content de son sort ; il ne désirerait rien en dehors de lui. Il ne s’occuperait ni de sa bouche, ni de son corps ; il aimerait ses rudes vêtements, et ses mets grossiers lui sembleraient délicieux.


(9) E : Dans ce cas, les deux pays seraient extrêmement rapprochés.


(10) Il arriverait au terme de la vieillesse sans avoir songé à visiter le peuple voisin, parce qu’il (A) serait exempt de désirs, et (E} ne chercherait rien au delà de ce qu’il possède.

H : Lao-tseu s’est exprimé ainsi, dans ce chapitre, parce qu’il détestait les princes de son temps, qu’il voyait se livrer à l’action (le contraire du non-agir) et faire usage de la prudence et de la force, qui aimaient à se faire la guerre pour assouvir leur cupidité , qui s’appropriaient les richesses de leurs sujets pour satisfaire leurs passions,et ne prenaient nul souci du peuple. Aussi leur royaume était en proie au désordre, le peuple s’appauvrissait rapidement, et devenait de jour en jour plus difficile à gouverner.


CONRADIN VON LAUER 1990 CHAPITRE 80

Si je gouvernais un petit royaume avec peu d'habitants,
je défendrais d'utiliser les armes que ce peuple possèderait.
Le peuple devrait considérer la mort comme redoutable
et rester dans les lieux de ses ancêtres.
Bien qu'ayant bateaux et chars,
il n'en userait point.
Bien qu'ayant armes et cuirasses,
il les laisserait dans leurs caches.
Il compterait jours et années avec des cordelettes
comme dans le passé.
Il trouverait savoureuse sa nourriture,
beaux ses vêtements,
agréable sa maison,
pleines de douceur ses coutumes ancestrales.
Non loin de là,
il apercevrait avec bonheur
les hommes du pays voisin.
Il entendrait chanter leurs coqs et aboyer leurs chiens.
Il vivrait au rythme des saisons,
et mourrait de vieillesse
sans avoir connu le pays voisin.


MA KOU 1984 CHAPITRE 80

Garder la taille de la population petite
S’assurer que le peuple a des armes
Mais qu’il ne les emploie pas
Qu’il n’est pas disposé à voyager au loin
Et qu’il ne considère pas la mort comme futile.

Bateaux et chars
Sont utilisés le moins possible.
Armures et armes
Ne sont pas déployées.
La cordelette à nœuds
Sert d’écriture.
La nourriture est savoureuse
Les habits sont beaux
On est content dans sa maison
On apprécie une vie simple.

Les pays voisins sont à portée de vue.
Coqs et chiens échangent chants et aboiements.
Les gens meurent de vieillesse
Sans bouger.

ALBERT DE POUVOURVILLE 1999 CHAPITRE 80

Si j'avais un petit royaume. d'une faible population et comptant une dizaine ou une centaine d'homme habiles, je m'abstiendrais de les employer. Je veillerais à ce que le peuple comprît la gravité de la mort et n'émigrât pas au loin. Bien qu'ayant des barques et des chars,il n'en userait pas; possédant des armes et des cuirasses, il ne s'en servirait pas.
Je ferais en sorte qu'il revienne à l'usage des cordelettes nouées. Il trouverait sa nourriture savoureuse, beaux ses vêtements, paisibles ses demeures, pleines de charme ses coutumes.
Quand bien même les habitants d'un hameau frontalier et ceux du pays voisin pourraient se voir, entendre les chants de leurs coqs et les aboiements de leurs chiens, ils atteindraient la vieillesse, puis la mort, sans qu'ils n'ait eu de visites réciproques.
LEON WIEGER 1913 CHAPITRE 80

Si j’étais roi d’un petit État, d’un petit peuple, je me garderais bien d’utiliser (de mettre en charge) les quelques dizaines d’hommes capables que cet État contiendrait.
J’empêcherais mes sujets de voyager, en leur faisant craindre la mort par accident possible, tellement qu’ils n’oseraient pas monter dans un bateau ou sur un char.
Je défendrais tout usage des armes.
En fait de lettres et de science, je les obligerais à revenir aux cordelettes à nœuds (quippus).
C’est alors qu’ils trouveraient leur nourriture savoureuse, leurs habits beaux, leurs maisons pai­sibles, leurs us et coutumes agréables.
(J’empêcherais la curiosité et les communica­tions, au point que,) mes sujets entendissent-ils de chez eux les cris des coqs et des chiens de l’État voisin, ils mourraient de vieillesse avant d’avoir passé la frontière et eu des relations avec ceux de l’État voisin.
Le rat dans son fromage, idéal taoïste.
OLIVIER NYSSEN 2022 CHAPITRE 80

Un petit pays c'est un peuple peu nombreux.

Ils disent qu'ils possèdent les dix aptitudes de l'oncle ainé,

mais qu'ils ne s'en servent pas.

Ils disent aux gens que la mort est importante,

mais qu'ils ne déménageront pas loin.

Quoiqu'ils aient des bateaux et des chariots,

ils n'ont pas d'endroit pour les atteler.

Quoiqu'ils aient des armures et des soldats,

ils n'ont pas d'endroit pour les ranger.

Ils disent aux hommes de se retourner, de lier la corde, et d'être utilisé.

Leurs repas sont agréables, ils obéissent de façon charmante,

ils résident dans le calme, leurs habitudes sont heureuses.

Les pays voisins s'aperçoivent réciproquement

comme la poule et le chien entendent leurs sons mutuels.

Les gens arrivent vieux à la mort,

il ne vont pas à sa rencontre.

JAN DUYVENDAK 1949 CHAPITRE 80

Un petit pays de peu d’habitants, où, bien qu’il y eût des outils faisant

le travail de dix ou cent hommes, on pourrait amener le peuple à ne

pas s’en servir !

Où l’on pourrait amener le peuple à considérer la mort comme une

chose grave et à ne pas émigrer au loin !

Où, bien qu’il y eût des bateaux et des charrettes, il n’y aurait pas de

quoi les charger, et bien qu’il y eût des cuirasses et des armes, il n’y

aurait pas de quoi les ranger !

Où l’on pourrait amener le peuple à retourner à l’emploi des cordes

nouées ; à savourer sa propre nourriture, à admirer ses propres vêtements,

à se contenter de ses propres habitations, à prendre plaisir à

ses propres coutumes !

Où, bien qu’il y eût un pays voisin à portée de vue, de sorte que de

l’un à l’autre on entendît chanter les coqs et aboyer les chiens, les

habitants jusqu’à leur mort à un âge avancé ne se seraient jamais

fréquentés !

***

Ce chapitre décrit la félicité idéale d’un pays sans aucune culture.

Pour la critique des outils qui épargnent le travail, on peut comparer

Tchouang tseu, XII (Legge 1, p. 319 322). Pour « outils, instruments

», k’i (245), voir aussi le chapitre LVII.

Les « cordes nouées »auraient été employées dans la haute antiquité

au lieu des caractères écrits. Voir le Livre des Mutations, Legge, p.

385.

« Savourer sa propre nourriture... » etc., veut dire qu’on ne désire pas

des marchandises importées d’ailleurs.

« Considérer la mort comme une chose grave » est la traduction de

tchong sseu (246). A. Waley, op. cit. p. 241, propose de lire tch’ong au

lieu de tchong, ce qui signifierait : « mourir deux fois ». C’est impossible

; tchong sseu, au sens de « considérer la mort comme une chose

grave » est clairement opposé au k’ing sseu « prendre la mort à la

légère » du chapitre LXXV.

Sous une forme quelque peu différente, ce chapitre est cité par Sseu

ma Ts’ien dans le Che ki, ch. 129.