道 德 經
DÀO DÉ JĪNG


CH01CH02CH03CH04CH05CH06CH07CH08CH09
CH10CH11CH12CH13CH14CH15CH16CH17CH18
CH19CH20CH21CH22CH23CH24CH25CH26CH27
CH28CH29CH30CH31CH32CH33CH34CH35CH36
CH37CH38CH39CH40CH41CH42CH43CH44CH45
CH46CH47CH48CH49CH50CH51CH52CH53CH54
CH55CH56CH57CH58CH59CH60CH61CH62CH63
CH64CH65CH66CH67CH68CH69CH70CH71CH72
CH73CH74CH75CH76CH77CH78CH79CH80CH81


daodejing.org/74.html

ctext.org/dictionary.pl?if=en&id=11665

tao-te-king.org/74.htm

daoisopen.com/downloads/CC74.pdf

daoisopen.com/downloads/About the Charts.pdf

laozirecited.com/#74

nouveautestament.github.io/DAODEJING/index.html

github.com/nouveautestament/DAODEJING



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mín wèi nài zhīruò 使shǐ mín cháng wèi ér wéi zhě zhí ér shā zhīshú gǎncháng yǒu shā zhě shā shā zhěshì jiàng zhuó dài jiàng zhuó zhě yǒu shāng shǒu
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
ne-pas non préfixe négatif#P #W #C #Z
wèipeur effroi, respect, révérence-#P #W #C #Z
mourir mort la mort#P #W #C #Z
nàimais comment ? supporter se tenir debout, endurer-#P #W #C #Z
quoi pourquoi, où, quoi, comment-#P #W #C #Z
au moyen de par conséquent, donc  considérer comme; pour#P #W #C #Z
mourir mort la mort#P #W #C #Z
craindre avoir peur, redouter-#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
ruòsemble si, en supposant similaire#P #W #C #Z
使shǐprovoquer amener, missionner, commander messager, ambassadeur#P #W #C #Z
mínpersonnes sujets citoyens, peuple#P #W #C #Z
chángconstant fréquent, éternel normal commun, régulier#P #W #C #Z
wèipeur effroi, respect, révérence-#P #W #C #Z
mourir mort la mort#P #W #C #Z
éret et puis et pourtant ; mais#P #W #C #Z
wéifaire gérer, gouverner, agir  être#P #W #C #Z
étrange inhabituel, étrange, occulte-#P #W #C #Z
zhěce qui celui qui ceux qui#P #W #C #Z
je mon, notre résister, empêcher#P #W #C #Z
obtenir obtenir, gagner, acquérir-#P #W #C #Z
zhítenir en main garder effectuer#P #W #C #Z
éret et puis et pourtant ; mais#P #W #C #Z
shātuer massacrer, assassiner blesser; éplucher, réduire, couper#P #W #C #Z
zhīde de provenant, ça aller à#P #W #C #Z
shúOMS? lequel? quoi ? lequel?--#P #W #C #Z
gǎnoser risquer audacieux, courageux#P #W #C #Z
chángconstant fréquent, éternel normal commun, régulier#P #W #C #Z
yǒuavoir posséder, posséder exister#P #W #C #Z
prendre en charge contrôler, gérer officier#P #W #C #Z
shātuer massacrer, assassiner blesser; éplucher, réduire, couper#P #W #C #Z
zhěce qui celui qui ceux qui#P #W #C #Z
shātuer massacrer, assassiner blesser; éplucher, réduire, couper#P #W #C #Z
homme adulte de sexe masculin, mari  ceci, celui#P #W #C #Z
prendre en charge contrôler, gérer officier#P #W #C #Z
shātuer massacrer, assassiner blesser; éplucher, réduire, couper#P #W #C #Z
zhěce qui celui qui ceux qui#P #W #C #Z
shìen effet oui, c'est vrai  être; pronom démonstratif, ceci, cela#P #W #C #Z
grand grand, vaste, grand, haut-#P #W #C #Z
jiàngartisan artisan ouvrier#P #W #C #Z
zhuócouper hacher, hacher-#P #W #C #Z
homme adulte de sexe masculin, mari  ceci, celui#P #W #C #Z
dàiremplacer remplacement (de personne ou de génération) époque, génération#P #W #C #Z
grand grand, vaste, grand, haut-#P #W #C #Z
jiàngartisan artisan ouvrier#P #W #C #Z
zhuócouper hacher, hacher-#P #W #C #Z
zhěce qui celui qui ceux qui#P #W #C #Z
rare espérer, espérer, s'efforcer d'atteindre-#P #W #C #Z
yǒuavoir posséder, posséder exister#P #W #C #Z
ne-pas non préfixe négatif#P #W #C #Z
shāngblessure blessure tomber malade de#P #W #C #Z
le sien elle, son, leur  que#P #W #C #Z
shǒumain part, côté, aiguille, paume-#P #W #C #Z
particule d'action accomplie--#P #W #C #Z
STEPHEN MITCHELL TRADFR 1988 CHAPITRE 74

Si vous comprenez que tout change,

vous ne pourrez plus vous accrocher à rien.

Si vous n'avez pas peur de mourir,

vous ne pourrez plus rien accomplir.

Essayer de contrôler l'avenir,

c'est comme essayer de prendre la place du maître charpentier.

Lorsque vous manipulez les outils du maître charpentier,

il y a de fortes chances que vous vous coupiez la main.

JULIEN STANISLAS 1842 CHAPITRE LXXIV

Lorsque le peuple ne craint pas la mort, comment l’effrayer par la menace de la mort (1) ?

Si le peuple craint constamment la mort, et que quelqu’un fasse le mal, je puis le saisir et le tuer, et alors qui osera (l’imiter) ?

Il y a constamment un magistrat suprême qui inflige la mort (2).

Si l’on veut remplacer ce magistrat suprême, et infliger soi-même la mort, on ressemble à un homme (inhabile) qui voudrait tailler le bois à la place d’un charpentier.

Lorsqu’on veut tailler le bois à la place d’un charpentier, il est rare qu’on ne se blesse pas les mains.


NOTES.

(1) Sou-tseu-yeou : Lorsque le gouvernement est tyrannique, qu’il inflige des châtiments cruels et que le peuple ne sait plus que devenir,il ne craint point la mort. Quand on voudrait l’effrayer par la menace de la mort, ce serait chose inutile.

Mais, lorsque le peuple est heureux sous la tutelle du gouvernement,il aime à vivre et craint constamment la mort. Si quelqu’un excite alors la multitude au désordre, le ciel l’abandonne et je puis lui donner la mort. On dira que c’est le ciel qui l’a tué et non pas moi. Mais (B) c’est une chose grave que de décider de la vie deshommes ! Comment pourrait on les tuer à la légère ?

Li-si-tckaï : Ce chapitre a pour but de montrer que les lois pénales du siècle sont inefficaces pour bien gouverner. Si le peuple craint réellement la mort et que quelqu’un fasse le mal, il me suffira de tuer ce seul homme pour effrayer ceux qui seraient tentés de l’imiter. Mais si les crimes du peuple augmentent en proportion des châtiments et des exécutions capitales, il est évident (E : que le peuple ne craint pas la mort et) qu’il ne faut pas compter sur les châtiments pour faire régner l’ordre et la paix. Les princes de la dynastie des Thsin eurent recours aux supplices les plus rigoureux, leurs lois étaient d’une sévérité excessive, et le nombre des révoltés et des brigands s’augmentait à l’infini. Les Han, au contraire, établirentdes lois douces et indulgentes, et tout l’empire vint se soumettreà eux.


(2) Littér. « Semper existit præses τοῦ occidere, qui occidit. »

C’est le ciel, dit Ou-yeou-thsing, qui préside à la peine capitale. C’est le ciel seul qui peut tuer les hommes, de même que le charpentierest le seul qui puisse tailler le bois. Si quelqu’un veut remplacerle ciel pour tuer les hommes, c’est comme s’il remplaçait le charpentier pour tailler le bois. Celui qui prétend tailler le bois à la place du charpentier ne peut manquer de se blesser les mains. Cette comparaison a pour but de montrer que celui qui usurpe le droit de tuer les hommes, éprouve nécessairement une foule demalheurs. Lao-tseu s’exprime ainsi, dit Lin-hi-i, parce que les princes de son temps aimaient à tuer les hommes.

Li-si-tchaï : Laissez faire le ciel : il envoie le bonheur aux hommesvertueux et le malheur aux méchants. Quoiqu’il agisse en secret, aucun coupable ne peut lui échapper ; mais (B) si vous voulez remplacerle ciel qui préside à la mort, la peine capitale que vous aurez infligée retombera sur vous, et votre cœur sera déchiré de remords.

Sie-hoeï : L’empereur Thaï-tsou-hoang-ti (fondateur de la dynastie des Ming, qui monta sur le trône en 1368) s’exprime ainsi dans sa préface sur le Tao-te-king : Depuis le commencement de mon règne, je n’avais pas encore appris à connaître la voie (la règle de conduite) des sages rois de l’antiquité. J’interrogeai là-dessus les hommes, et tous prétendirent me la montrer. Un jour que j’essayais de parcourir une multitude de livres, je rencontrai le Tao-te-king 道德經. J’en trouvai le style simple et les pensées profondes. Au bout de quelque temps je tombai sur ce passage du texte : « Lorsque le peuple ne craint pas la mort, comment l’effrayer par la menace de la mort ? »

À cette époque-là l’empire ne faisait que commencer à se pacifier ; le peuple était obstiné (dans le mal) et les magistrats étaient corrompus.Quoique chaque matin dix hommes fussent exécutés sur la place publique, le soir il y en avait cent autres qui commettaient les mêmes crimes. Cela ne justifiait-il pas la pensée de Lao-tseu ? Dès ce moment je cessai d’infliger la peine capitale ; je me contentai d’emprisonner les coupables et de leur imposer des corvées. En moins d’un an mon cœur fut soulagé. Je reconnus alors que ce livre est la racine parfaite de toutes choses, le maître sublime des rois et le trésor inestimable des peuples !


CONRADIN VON LAUER 1990 CHAPITRE 74

Si le peuple n'a plus peur de la mort,
la menace de la mort n'aura plus d'effet.
Si le peuple craint la mort,
et si l'on met à mort ceux qui violent les lois,
qui oserait alors les transgresser ?
Le grand bourreau c'est la nature.
Elle exécute, elle punit.
Vouloi se substituer au bourreau,
c'est vouloir équarrir du bois
à la place du charpentier.
Mais celui qui veut équarrir du bois
à la place du charpentier
risque fort de s'entailler les mains.
Laisse la nature faire son travail,
car c'est elle le Grand Exécuteur.


MA KOU 1984 CHAPITRE 74

Si le peuple ne craint plus la mort
Comment l’effrayer avec la peine de mort ?

Si le peuple gardait toujours présente
La crainte de la mort
Et si l’on arrêtait et mettait à mort
Celui qui viole la loi
Qui oserait alors outrepasser ?

Pour tuer existe l’exécuteur (représentant le pouvoir de mort).
Si l’on tue à la place de l’exécuteur
On taille le bois à la place du charpentier.
Jouer au maître à la place du maître
Tailler du bois à la place du charpentier
Rares alors sont qui
Ne s’y entaillent pas les mains.

ALBERT DE POUVOURVILLE 1999 CHAPITRE 74

Si le peuple ne craint plus la mort, quelle efficacité peut avoir la menace de la peine de mort ?
Si on parvenait à lui inspirer la crainte constante de la mort, et que je doive faire arrêter un criminel pour le faire excuter, qui oserait ?
Celui qui éternellement a le pouvoir d'enlever la vie fait mourir. Vouloir se substituer à lui serait agir comme quelqu'un qui veut équarrir du bois à la place du maître-charpentier; il est bien rare, certes ! qu'il ne se blesse pas la main.
LEON WIEGER 1913 CHAPITRE 74

Si le peuple ne craint pas la mort, à quoi bon chercher à le contenir par la crainte de la mort ? S’il craignait la mort, alors seulement prendre et tuer ceux qui font du désordre, détournerait les autres d’en faire autant.
(Ils ont donc tort, les légistes, qui prodiguent la peine de mort, et croient que cela fera tout mar­cher.) Celui qui est préposé à la mort (le ciel), tue. (Laissons-le faire. Ne faisons pas son métier. Lui seul en est capable.)
A l’homme qui voudrait tuer à sa place, il arri­verait comme il arrive à celui qui joue avec la doloire du charpentier. Ceux qui, à ce jeu-là, ne se coupent pas les doigts, sont rares.
Pour tirer quelque chose des hommes, mieux vaut les traiter avec bénignité. — Contre l’école des légistes fa-kia, qui ne connaît que les supplices. C’est un fait d’expérience, disent les commentateurs, que le peuple craint moins la mort que les travaux forcés par exemple ; et que, une fois emballé, il perd toute crainte.
OLIVIER NYSSEN 2022 CHAPITRE 74

Le peuple ne craint pas la mort.

Il craint ce qu'il devra endurer pour mourir.

Comme celui qui dit au peuple de toujours craindre la mort,

tout en agissant comme un excentrique.

Je l'obtiens et je le tiens, mais il me tue ?

Qui oserait cela ?

Il y a toujours eu un officier qui tue les tueurs.

L'époux fait office d'officier qui tue les tueurs,

on dit justement qu'il fait office de grand bûcheron.

L'époux fait office de grand bûcheron,

rares sont ceux qui ne se sont pas blessés la main.

JAN DUYVENDAK 1949 CHAPITRE 74

Puisque le peuple ne craint pas la mort, comment l’intimider par la

peine de mort ?

Même si l’on pouvait accomplir que le peuple craigne constamment

la mort, et si l’on pouvait saisir et mettre à mort ceux qui font des

choses ingénieuses, qui oserait agir ainsi ?

Il y a constamment un maître bourreau qui met à mort. Mettre à mort

à la place du maître bourreau peut s’appeler : tailler à la place du

maître charpentier. Quand on taille à la place du maître charpentier,

rares sont ceux qui ne se blessent pas la main !

***

« Puisque le peuple ne craint pas la mort » est parallèle au début du

chapitre LXXII : « Quand le peuple n’a pas peur de la puissance », où

se retrouve le même mot wei (228) « craindre ».

Dans le deuxième paragraphe, un manuscrit de Touen houang omet le

mot « peuple » et ajoute pou (232) « ne pas », de sorte qu’on pourrait

traduire : « Si l’on pouvait saisir et mettre à mort ceux qui constamment

ne craignent pas la mort et font des choses ingénieuses, qui

oserait », etc. ; mais, après mûre réflexion, je ne crois pas que cette

leçon soit bonne. « Qui oserait » se rapporterait alors au peuple, qui

n’oserait plus faire des choses ingénieuses ; mais, dans le contexte,

cette expression se rapporte sans doute au prince. La pensée est

celle-ci : c’est une vérité expérimentale que le peuple ne craint pas

la mort, car il est toujours prêt à risquer sa vie. Donc les peines ne

peuvent pas l’intimider. Même si l’on pouvait l’intimider, quel prince

oserait se servir de peines ? La vie et la mort sont fixées par prédestination

; il y a, pour ainsi dire un maître bourreau qui en a la charge :

c’est la Voie. Si, par une intervention de la part du prince, la mort est

infligée avant le moment prédestiné, le cours naturel des choses est

dérangé. Une telle conduite est aussi dangereuse que de vouloir se

servir de la hache d’un maître charpentier sans avoir appris son art.

Des calamités en sont le résultat inévitable.

Pour l’idée de k’i (194) « choses ingénieuses », voir aussi LVII. Cette

notion comprend tous les instruments qui créent une société compliquée

et empêchent le peuple de vivre dans une simplicité pareille à

celle du bois brut. Le peuple se trouve ainsi exposé à toutes sortes de

dangers, à cause de son désir d’atteindre ses fins ; voire même, il ne

craint pas la mort. Pour cette idée, que l’on compare le chapitre LXXV.

La phrase : « : Il y a constamment un maître bourreau qui met à mort

», pourrait être traduite : « Il arrive souvent que le maître bourreau

est mis à mort » ; il s’agirait alors du danger que l’on court en mettant

les gens à mort. Mais cette traduction est à rejeter, car dans la

suite on parle de « mettre à mort à la place du maître bourreau ». Le

premier « maître bourreau » est donc un agent non humain. Si l’on

adoptait cette traduction, il faudrait comprendre aussi le premier

cha (233) « mettre à mort » au passif, alors qu’immédiatement après

il est évidemment actif. Bien que, dans les jeux de mots où le Tao tö

king se plaît, un tel changement de voix soit possible, je le crois peu

vraisemblable dans le présent contexte.